Rien de semblait plus vrai que cet instant

Je lui ai dis de venir chez moi, il a dit ok. Il a dit j’arrive. Il arrive. Ce n’est pas possible. Il ment, ce n’est pas possible. Il ne va pas venir j’en suis sure, ça doit encore être une de ses blagues dont il a la fâcheuse habitude. Je lui ai envoyé un message pour avoir sa confirmation. Pas de réponse. Je tourne en rond. Quelle idiote je suis. Penser qu’il aurait envie de venir chez moi ... N’importe quoi. Je pleure, et il me reste des bières. Je bois. Une, deux, trois … Au pire s’il arrive, je serais bourrée, il aura pitié de moi, il me prendra peut être dans ses bras. Mais qu’est-ce que je raconte, il ne viendra pas. Quatre. Je pleure encore. Cinq. Mon téléphone sonne. J’ai reçu un message. La bière remonte d’un coup. C’est lui, je lis : « je suis dans ta cave ». Ma cave ? Quelle cave ? Il est où ? Je suis tellement sidérée que j’en oublie mon environnement. La cave est juste derrière ma porte. Il est juste derrière ma porte. Merde ! Les cadavres de bières. Précipitamment, je mets tout dans ma poubelle, je sèche mes larmes, et j’ouvre la porte. Il est là. Il est bel et bien là. Avec son pote. Super … Bon, au moins il est là, il est venu. Je reste ébahie devant eux quelques secondes, puis je reprends mes esprits, tant bien que mal. Il me sort :
-          « On va dehors, prends ta guitare. »
Je m’exécute en balbutiant, je tremble, j’ai chaud, j’ai peur. Je ne comprends rien, est ce que c’est un rêve ?
On escalade un grillage pour aller sous le préau de mon ancienne école. On se pose tous les trois, il fait de la guitare et soudain je me mets à chanter, sans doute à cause de la désinhibition due à l’alcool. C’est la première fois que je chante devant lui. J’ai le trac comme si j’étais à l’Olympia. Je suis malade et en plus ma voix vacille. On continue une petite heure, puis on décide de rentrer. Ils me raccompagnent. Arrivée chez moi, je ferme la porte. Je m’écroule à terre et fonds en larme. Je ne peux pas le laisser partir. Je veux qu’il reste là, je veux lui parler, je veux être avec lui. Pour une fois qu’il est là, je veux en profiter. En moins d’une seconde, je rouvre ma porte, je cours dehors, et en l’apercevant, je me jette à son cou et le sers de toutes mes forces en sanglotant « Je t’aime ». Sur le coup il ne me rend pas mon étreinte, il est abasourdi. Et puis je sens ses bras se refermer autour de moi. J’ai l’impression de voler. C’est la première fois que je suis si proche de lui, que je sens son corps si près du mien. Son odeur. Il me chuchote à l’oreille « Tu me gênes là, je ne sais pas quoi te dire. Tu mérites un mec 1000 fois mieux que moi. Tu dis n’importe quoi. Tu vas trouver quelqu’un de bien. Mais pas moi ». Il me relâche délicatement et m’embrasse sur le coin de la bouche. Je suis pétrifiée. Mes larmes coulent lentement et se déposent dans ma bouche entre-ouverte. Il monte sur le scooter de son pote et ils s’éloignent tous les deux. Je reste là au moins 5 minutes, dehors, dans le silence de la nuit. Cependant je ne ressens pas le froid, je suis figée, inanimée. Il est parti. Finalement, je réussis à rentrer tout doucement, puis je vais me coucher, sans me démaquiller, ni me déshabiller. Je m’allonge tout simplement sur mon lit, choquée. Je reçois un message : « Je suis désolée … Je ne suis pas un mec bien pour toi. T’en fais pas, tu peux faire fondre n’importe qui en chantant, même avec le nez bouché. »

Je n’arrive plus à penser, je suis vidée, je suis désemparée. Je lui ai dit de vive voix que je l’aimais, et lorsque j’ai dis ces mots, rien de semblait plus vrai que cet instant.

Ecrit le 22/06/2015, mais vécu bien plus tôt.

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